Intervention de l'association "Aux captifs, la libération" en DGEMC

INTERVENTION DE L’ASSOCIATION

« AUX CAPTIFS, LA LIBERATION » EN DGEMC

Dans le cadre du cours d'option DGEMC (Droit et Grands Enjeux du Monde Contemporain), deux représentantes de l’association « Aux Captifs, la Libération » sont intervenues pour présenter leurs actions en faveur des victimes de prostitution et de traite des êtres humains. L'association, créée en 1981, aide les personnes en grande précarité, en particulier celles en situation de prostitution, à travers des actions de rencontre et d'accompagnement. Leur approche repose sur quatre principes : gratuité, fidélité, inconditionnalité et intégrité.

- La gratuité est d’approcher tous les exclus de la société comme ceux qui sont en précarité et situation de prostitution, et de discuter avec eux en échangeant un sourire et une poignée de main.

- La fidélité est l’engagement d’un binôme de l’association d’aller toutes les semaines, à la même heure, sur un même trajet, qu’importe la météo, à la rencontre des mêmes personnes ayant diverses histoires et situations à écouter. 

- L’inconditionnalité est de voir tous et toutes, sans distinction, en respectant leur choix de vie.

- L’intégrité est d’avancer avec chacun à son propre rythme, en prenant l’autre en compte.

Les actions de l’association incluent des maraudes, des permanences d’accueil, des programmes d'insertion sociale et professionnelle, et des centres d’hébergement. Leur pôle prostitution se concentre principalement sur les femmes exploitées sexuellement, en leur offrant un soutien physique, psychologique, social et juridique, pour les aider à sortir de la prostitution.

L’intervention a mis en lumière le mécanisme de la traite humaine, en particulier entre le Nigeria et la France, où des réseaux criminels manipulent des jeunes femmes vulnérables, leur promettant une vie meilleure en Europe. Une fois arrivées en France, elles sont contraintes à la prostitution, souvent dans des conditions extrêmement violentes, et sont maintenues dans un système de dette.

Pour aider les personnes de la rue à se libérer de leur captivité, l'association est agréée par les pouvoirs publics et a une triple vocation : rencontrer, accompagner et révéler. 

Les différentes actions de l’association : 

→ Actions précarité = rencontrer et accompagner les personnes en très grande précarité dans la rue au travers de maraudes, permanences d’accueil, programmes de dynamisation.

→ Actions prostitution = rencontrer dans les bois, la rue, ou via Internet, les personnes en situation de prostitution au travers de maraudes, permanences d’accueil etc.

→ Colocation solidaire = centre d’hébergement des « captifs » qui offre aux personnes en grande précarité, un espace pour se reconstruire et trouver une nouvelle autonomie.

Ateliers d’insertion = atelier d’insertion sociale et professionnelle pour les personnes en situation de précarité, avec ou sans papiers, afin de les accompagner dans une nouvelle formation professionnelle.

Nos deux intervenantes étaient en charge du pôle prostitution, dont l’objectif principal est de venir en aide aux victimes, souvent des femmes, qui sont exploitées sexuellement dans des conditions extrêmement précaires. Le travail des membres de l’association va bien au-delà de la simple prise en charge physique : ils offrent un accompagnement psychologique, social et juridique pour permettre aux victimes de se reconstruire et sortir de l’enfer de la prostitution.

Les intervenantes ont partagé avec nous leur expérience du terrain, en détaillant les mécanismes de la traite des êtres humains, l’exploitation des personnes vulnérables et les difficultés auxquelles elles sont confrontées lorsqu’elles tentent de s’échapper des réseaux qui les exploitent. 

Un des points clés abordés lors de l’intervention fut la question des victimes de réseaux criminels internationaux de trafics d’êtres humains. Elles subissent un serment d’allégeance, dit « Juju », visant à faire peser sur elle une menace de malédiction, si elles ne respectent pas « leurs obligations », et les empêchant donc de s’enfuir. Dans le but de les piéger, on promet à ces femmes une vie meilleure, d’où ensuite une véritable désillusion.

En effet, elles se retrouvent forcées à l’exil, elles sont battues, violées et soumises à des actes de torture. Celles qui survivent sont envoyées en Europe, contraintes à la prostitution et soumises au remboursement d’une dette de plusieurs dizaines de milliers d’euros. Si elles parviennent à sortir du réseau, les femmes risquent d’être exposées, en cas de retour au Nigéria, à de graves persécutions pour avoir quitté le réseau, les condamnant à une mort sociale et un risque élevé de re-prostitution.

De ce fait, l’association organise un parcours de sortie de prostitution qui engage :

  • « Les Captifs » dans la recherche d’un emploi et un hébergement pour les femmes en sortie de prostitution.
  • La Préfecture pour fournir une allocation financière d’insertion sociale et des papiers.
  • L’accompagnement individuel de chaque personne en situation de prostitution qui le souhaite, pour l’amener à la sortie de la prostitution.

                                                                                                                                                 Ivana Pinto Pereira

Mis à jour le 10/06/2025
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